Bonjour à toutes et à tous,
je vous annonce que Kalerya Entre Monde ouvre ses portes !
Je vous invite donc à nous rejoindre sur le forum à l'adresse suivante :
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Au plaisir de vous revoir mes lucioles d'amours |
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| | | The Wizard & the Lady Doctor |
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| Les planches de bois craquaient alors que Nemo s'élevait vers les cimes. Debout, sur une sorte de monte-charge en bois vermoulu, il attendait patiemment que son moyen de transport le porte à destination. En effet, au-dessus de lui, agrippée au tronc gigantesque d'un arbre particulièrement épais de Foreslate, une ville entière grouillait d'une animation frénétique. Même si il était encore très en contrebas par rapport à elle, Nemo pouvait clairement entendre les bruits de la population s'agitant avec énergie. Il ferma les yeux, et respira un grand coup. L'air dans la forêt était beaucoup plus pur que celui qu'il avait respiré par le passé. Cette étape de son voyage à travers le monde lui apportait finalement un certain nombre d'avantages. Il y avait laissé des plumes -il avait été obligé d'user de sa magie-, mais il ne regrettait pourtant pas d'être venu à Foreslate. Même si il s'était perdu, et pas qu'une fois, à travers l'immense dédale végétal que constituait le lieu, il avait plutôt apprécié l'expérience. Une seule chose, cependant, lui manquait cruellement: la viande. Passer ses journées à manger des racines commençait à lui taper sur le système. Sévère.
Il reprit son sabre, posé sur le bord du monte-charge, et s'apprêta à mettre pied-à-terre, si on peut dire. Sur les plateformes suspendues qui constituaient la ville d'Addrassiltän -au nom plus que compliqué à retenir- il posa enfin le pieds, saluant d'un geste de la main l'ouvrier à la carrure de buffle qui avait actionné le mécanisme du monte-charge. Par mesure de précaution, il effectua un léger saut sur ses deux pieds, sans entendre le moindre craquement de la part de la plateforme de bois.
"Vous pouvez sauter autant que vous voulez, c'est du solide par ici.
-Sans doute, sans doute ... Je suis plutôt parano pour ce genre de trucs."
Ceci fait, Nemo commença son chemin à travers les "ruelles" de la ville suspendue. Les maisons, construites à même le tronc de l'arbre hôte, étaient d'aspect plutôt modeste, comme toutes celles qu'il avait jusque là rencontrées dans la région. Bien évidemment, le bois était leur composant principal. Nemo se demanda si l'exploitation minière faisait partie des activités des gens de Foreslate, avant de chasser cette interrogation sans grand intérêt de son esprit. Sur le côté le plus proche du tronc, entre les différents bâtiments, quelques marchands à l'air joyeux étalaient leurs produits. Nemo remarqua que tous semblaient être faits à partir de ressources des environs, comme en témoignaient les paniers tressés, ou les vêtements faits de laine, résultat de l'exploitation d'un bétail ovin particulièrement pourvu en cette matière, selon les informations de Nemo. Il ne s'arrêta cependant que lorsqu'il trouva une enseigne indiquant "Taverne des 3 feuilles".
L'établissement retentissait d'une clameur joyeuse. Les tables étaient garnies de grappes de riverains, qui discutaient d'une voix forte tout en brandissant des choppes gorgées de bière. Nemo alla s'installer au comptoir. Une demi-pinte lui fut aussitôt servie, et il considéra le liquide avec un certain plaisir. L'alcool n'était certes pas son fort, mais il ne se refusait pas une petite choppe de temps à autres. Lorsqu'il trempa ses lèvres dans la mousse, il se délecta de la merveilleuse sensation qu'elle procurait, et de la douceur qui inondait sa bouche. Lorsque le liquide ambré coula le long de sa gorge, il se sentit comblé d'une félicité parfaite.
"Ca doit faire un bail que tu traînes dans la forêt, gamin."
Nemo posa un regard interrogateur sur celui qui avait parlé. Il s'agissait d'un vieil homme à la barbe hirsute et aux mains calleuses, probablement un travailleur manuel, donc.
"On en croise souvent des gars comme toi par là. Les voyageurs, z'êtes généralement pas prêts pour la forêt d'ici, et ça ce voit vite.
-Vraiment ? C'est rassurant ... Je dois pas être complètement idiot, du coup.
-T'en fais donc pas, ça arrive à tous ceux qui passent par là.
-Vraiment tout le monde ? C'est une sorte de malédiction qui plane sur la région ou ...?
-Nan, sois donc pas bête. Y'en a certains qui arrivent frais comme des gardons, mais eux c'est des mages de compét'. Ils sont forgés pour l'aventure et quand ils débarquent en ville, ils passent pas inaperçus, ça c'est clair. Tiens, y'en a une qu'est arrivée pas plus tard qu'hier. Une p'tiote d'Arcadya, je crois. Et ben ses vêtements ils étaient tous blancs. Elle avait pas dû galérer beaucoup, la p'tite dame."
Nemo tiqua. Son regard se fit soudain grave, et il sentit le sang se glacer dans ses veines. D'un geste lent il posa sa choppe sur le comptoir.
"Cette femme, vous sauriez pas comment elle s'appelle par hasard ?
-Oh j'dois pouvoir m'en rappeler. Voyons ... C'était quelque chose comme "perfide" et un nom de famille bizarre ...
-Pernide ?
-Oui c'est ça ! Pernide Albion ! Tu la connais donc ?
-D'une certaine façon, oui.
-Elle est venue proposer ses services de médecin aux gens d'ici. Et on en a bien besoin, j'dois dire. Les médecins vraiment efficaces comme elle courent pas les rues à Foreslate."
Furieux, Nemo jeta quelques pièces sur le comptoir.
"Vous savez où elle habite en ce moment ?
-Elle doit être dans le quartier Sud de la ville. C'est pas l'plus riche, mais c'est là qu'elle a voulu aller, alors ... Pourquoi, y'a un problème ?
-Pas pour l'instant. Si vous voulez un conseil, restez loin de cette femme."
Là-dessus, il prit son sabre et sortit plein de colère de la taverne. |
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| Les passages qu'arpentait maintenant Nemo n'avaient plus pour lui le charme qu'il leur avait trouvé de prime abord. A la place de charmantes constructions suspendues dans le vide, avec pour seule ancre le tronc gigantesque, il ne voyait plus que de banales rues, sans aucune particularité. La colère et l'anxiété troublaient son esprit, et il ne pouvait s'empêcher de marcher d'un pas plus que décidé vers sa destination, le quartier Sud. Celui-ci était indiqué par des pancartes de-ci de-là, mais Nemo remarqua qu'elles étaient dans un état bien moindre par rapport aux autres pancartes directionnelles. Les paroles du vieil homme rencontré à la taverne prirent tout leur sens: "Elle doit être dans le quartier Sud de la ville. C'est pas l'plus riche, mais c'est là qu'elle a voulu aller, alors ...". Evidemment, elle ne choisissait pas les lieux de son activité au hasard.
La semi-course de Nemo le porta finalement jusqu'à un pont qui n'inspirait pas la moindre confiance. En fait de pont, il s'agissait plutôt de planches de bois vermoulu reliées entre elles par des cordes à moitié rongées par le temps, reliant le centre de la ville au quartier Sud, installé autour d'un tronc voisin. Cependant, Nemo n'hésita pas une seconde à s'engager dessus. Après tout, si il était toujours là, c'est que tout allait bien, non ?
Lui qui était plutôt craintif de ce genre de danger, en temps normal, n'éprouva aucune peur alors qu'il évoluait le long de la passerelle de fortune. C'était à peine si il regardait où il posait les pieds. La colère monopolisait son attention, et ses pensées étaient tout entières tournées vers cette personne qu'il redoutait d'une part, mais qui le fascinait tant par ailleurs. C'était cette sorte d'attirance spirituelle qui le poussait maintenant vers le quartier Sud, qui lui faisait presque vouloir vivre cette rencontre. Son pas était maintenant une véritable course, et il sauta avec agilité sur les plateformes du quartier Sud, laissant derrière lui la passerelle à moitié pourrie.
Le quartier Sud était sensiblement différent de son voisin central. Les maison n'étaient pas construites contre l'écorce, mais bien à l'intérieur. Tout le quartier vivait d'ailleurs dans l'arbre lui-même, sa population évoluant via des galeries creusées dans le bois, telle une colonie de termites. C'était sans doute l'image la plus adéquate pour décrire cette fange, rebuts d'une société à l'air pourtant harmonieuse. En pénétrant dans les galeries intra-arboricoles, Nemo comprit ce qui excluait cette population. Les personnes qui évoluaient dans les couloirs de bois étaient tous, ou presque, des malades graves, et probablement au seuil de la mort pour certains. En guise de vêtements, ils n'avaient que des amas de bandelettes blanchâtres, plus ou moins salies par le pus ou le sang, qui recouvraient l'intégralité de leurs corps tuméfiés. Un frisson glacé parcourut le corps de Nemo. Ce n'était pas la première fois qu'il croisait une population aussi démunie face à la maladie, mais ce genre de vision lui procurait toujours la même sensation. En même temps, c'était le signe qu'il approchait d'Elle.
Il sut qu'il était arrivé à destination lorsqu'il aperçut une file de malades pressée devant l'entrée d'une habitation. Il se fraya un passage parmi cette foule, et pénétra dans la maison.
Assise sur un tabouret, une jeune femme au visage recouvert de bandes de gaze attendait patiemment. Son torse était nu, et Nemo sentit de nouveau un frisson le parcourir alors qu'il réalisait que ses seins étaient entièrement noirs.
"Si vous ne pouvez pas attendre, il va falloir partir."
C'était une voix douce et claire qui avait résonné dans la pièce. Nemo constata alors qu'une autre personne était présente. Assise à un bureau, éclairée par une bougie à la flamme vacillante, la jeune femme vêtue de blanc et de noir se tourna vers lui. Et ils se reconnurent. |
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| Ils restèrent un petit moment à se regarder l'un l'autre, sans rien dire. C'était plutôt comme si ils essayaient de sonder chacun l'esprit de l'autre, de deviner ses pensées, d'anticiper sa réaction. Même si ils ne bougeaient pas, c'était une véritable rixe mentale qui se jouait entre les deux personnages. Nemo examinait plus qu'attentivement le visage de son opposante. Ses traits n'avaient pas bougé. Toujours aussi fins, aussi gracieux, aussi jeunes. Terrible apparence, quand on savait la nature démoniaque qu'elle cachait. Derrière ses lunettes en écaille, ses yeux perçants brillaient d'une lueur horrible d'intelligence et, Nemo crut le percevoir un instant, de perfidie. Il sentit son sang se glacer dans ses veines. Cette femme, en face de lui, était effrayante non pas en raison des émanations d'intelligence et de cruauté qui se dégageaient d'elle, mais surtout à cause du calme olympien qu'elle laissait paraître. Pendant un instant, Nemo sembla flancher, se résoudre à l'autorité innée de la dame, mais il n'en était rien. Il brisa le contact visuel et s'approcha de la femme assise au centre de la pièce.
"Donnez votre bras."
Incrédule, la jeune femme s’exécuta, et leva ce qui ressemblait à un moignon tremblotant. Nemo l'examina de plus près, notant tous les défauts, toutes les aspérités de la peau rêche et craquelée par la maladie. Cependant, à part des tâches sombres, présentes sur tout le corps de la malade, et des traces d’eczéma, il ne décela rien de particulier au vu de la pathologie de la patiente.
"Vous avez fini ?
-Non. Je dois encore donner son traitement à mademoiselle. Sortez, et attendez-moi dehors."
Nemo hésita un instant. Dans son esprit se formaient une multitude de scénarios possibles, alors qu'il serait hors de la maison. Chacun était plus horrible que les autres, et mettait en scène le décès probable de la jeune pestiférée. Cependant, il se releva lentement, sans quitter la doctoresse du regard.
"Très bien."
Et il sortit. Dans la rue, si tenté que la veine intra-arboricole dans laquelle il se trouvait maintenant puisse être comparée à une rue, il examina la longue file de malades qui se pressait devant la porte. Chacun avait l'air dans un état pitoyable, et pourtant Nemo savait que la personne qui se trouvait dans le cabinet improvisé pouvait les aider. Il savait qu'elle avait les connaissances nécessaires à l’annihilation de leurs maux. Mais elle avait aussi le pouvoir de leur en inoculer d'autres, dans un but qui restait encore inconnu à Nemo. D'après ce qu'il avait déjà constaté, la jeune femme à l'intérieur n'avait pas subi d'injection, méthode qu'utilisait généralement la doctoresse dans son entreprise diabolique. Bien évidemment, cela ne la mettait pas hors de cause, et il se pouvait très bien qu'elle ait absorbé un produit sous une autres forme et par une autre méthode.
Nemo en était là de ses réflexions quand la jeune femme en question sortit de la maison d'un pas lent et hésitant. Et tourna vaguement la tête vers Nemo, et celui-ci crut lire du soulagement dans ses yeux, à moins qu'il ne se soit agit de bonheur. D'un brusque mouvement, il s'engouffra dans l'habitation, claquant la porte derrière lui.
"Bonjour. Ca faisait longtemps.
-Salut. C'est toujours aussi désagréable de te voir.
-Ne mentez pas, ça vous va très mal. Vous voulez boire quelque chose ?
-Certainement pas. L'air ici respire le poison c'est insupportable.
-Allons, allons ... Vous avez l'air de mauvaise humeur. Laissez-moi vous soulager de vos tourments. Après tout, ça fait si longtemps qu'on ne s'est pas vu ...
-Mouais. Pas assez longtemps à mon goût plus loin de toi je suis, mieux je me porte. C'est cet endroit que t'as choisi, donc ? Ces gens seront tes prochaines victimes ?
-Des victimes ? De quoi parlez-vous ? Ne voyez-vous pas le fruit de mon travail, quand les patients sortent soulagés de mon cabinet ? Pourquoi les appeler des victimes ?
-Oh, alors tu n'as pas commencé ici ? Qu'est-ce que t'attends, ils sont des dizaines devant ta porte. Il te suffit d'aller en prendre deux ou trois au hasard, et de les piquer comme tu finis par le faire à un moment ou à un autre. Je ne sais pas ce que tu leur injecte, mais si jamais je venais à le découvrir ...
-Que feriez-vous ? Vous me dénonceriez à la communauté des mages ? Vous, celui qui fuit devant ses responsabilités, qui change de visage à l'article de la mort ? Vous le mage dont personne ne sait rien, pas même votre nom ? Regardez la vérité en face, vous ne pouvez rien face à moi. Je me suis forgé une réputation, pendant que vous courriez aux quatre coins du pays. Une bonne réputation."
Nemo ne renchérit pas. Son ego lui criait de répondre, mais sa raison l'incitait au calme, parti qu'avait pris son opposante.
"Je te surveillerai, cette fois. Ne t'avise pas de t'échapper, ou je te traquerai. Et tu sais de quoi je suis capable, non ?
-J'en suis parfaitement consciente, professeur.
-Je ne suis plus professeur. Ne m'appelle pas comme ça."
Là-dessus, il sortit de la maison, soudain envahi par les fantômes du passé. Il s'assit contre le mur du bâtiment, et commença à attendre et à garder le donjon dans lequel il retenait sa prisonnière. Il n'avait pas de plan, encore, mais il comptait bien en trouver un. Il fallait qu'il en trouve un, et qu'il mette à jour des preuves de la culpabilité de la dame. C'était maintenant vital. |
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| Tout était étrangement sombre. Nemo progressait dans un couloir noir, semblant sans fin. Et pourtant, chacun de ses pas mal-assurés paraissait le rapprocher d'un but illusoire, d'un objectif qui restait mystérieux. Malgré l'obscurité, Nemo savait où il allait. C'était simple, après tout. Il marchait tout droit, sans détour ni obstacle pour le faire virer de bord. Son but était le plus loin possible. Et son point de départ ... Il était trop en retrait derrière lui pour qu'il sache encore le retrouver. Il se contentait de progresser, lentement mais surement, assurant un peu plus à chaque pas son succès dans cette marche indéfinissable. Il sentit cependant son corps s'engourdir, et peser du côté droit. Aucune lumière dans ce monde vide ne lui permettait de connaître la raison de cette sensation étrange. Il se contenta de ployer, au rythme lent de ses pas, jusqu'à ce qu'il soit complètement à terre.
Nemo se réveilla en sursaut, et tourna instinctivement le regard vers son épaule gauche. Une matière visqueuse, couleur d'ambre, coulait calmement le long de son bras. Dégoûté, il essaya vainement de se dégager. Son épaule, restée exposée longtemps aux effets de la substance, était comme emprisonnée par cette dernière.
"Une bonne journée qui commence, tiens."
De sa main gauche, valide, il attrapa son sabre et commença à frapper le geôlier de ses muscles. Ce dernier semblait plutôt bien résister aux assauts ininterrompus de Nemo, et ne finit par se craqueler et se fendre qu'après quelques bons moments passés à se faire taper dessus. Lorsqu'il fut libéré, Nemo se retira vivement du champ d'action de la matière, et finit de briser les résidus restés sur sa manche droite. Puis, il orienta son attention vers la substance elle-même, et plus particulièrement vers sa source. Il en approcha son visage, et la toucha du bout des doigts. Le liquide visqueux y resta collé, et se détacha en longs filaments. Il semblait venir de la paroi même du tunnel, c'est à dire du bois. C'était donc ... de la sève ? Nemo prit soudain conscience de quelque chose qui lui avait jusque là complètement échappé, et qui semblait pourtant évident. L'activité humaine était un véritable poison pour l'environnement, dans cette ville. L'homme vivait dans les arbres mêmes, creusait leur bois inlassablement dans le but de l'aménager et d'en faire un lieu viable. Mais est-ce que la question du respect de l'arbre se posait, pendant cette opération ? Sans doute pas, quand on voyait le résultat d'une telle entreprise. Nemo avait entendu dire que la sève était le sang de l'arbre. Etait-ce donc du sang qui avait coulé sur son épaule ? Comme un appel à l'aide ...?
Nemo s'éloigna de la plaie pour aller d'adosser à la paroi du tunnel un peu plus loin. Il ne savait pas trop quoi penser de ce qu'il venait de déduire. Devait-il faire quelque chose contre ces pratiques ou laisser tout ça aller de son train ? Ou peut être n'avait-il aucune responsabilité dans cette affaire, après tout ... Il soupira longuement, et redirigea ses pensées vers quelque chose de plus pertinent.
De toute évidence, il n'allait pas rester assis devant cette maison pour le reste de sa vie, qui risquait d'être très long. Il lui fallait donc décider d'une stratégie en vue de mettre fin aux agissements de cette femme qu'il redoutait tant. Il ne pouvait de toute évidence pas se résoudre à la laisser s'enfuir comme elle l'avait déjà fait tant de fois. Et pourtant, elle avait raison quand elle disait qu'il n'avait pas de preuve, et que sa réputation était bonne. Elle était probablement solide, également. Mieux valait agir avec discernement et ne pas faire dans la précipitation. Il fallait des preuves, c'était le plus important.
Nemo se rendit soudain compte d'un détail: il ne savait pas du tout quelle heure il était. Cependant, quand il vit passer un malade enrubanné de la tête aux pieds, il comprit qu'il devait être aux alentours de midi. Pendant un instant, rien ne se produisit dans son esprit, simplement la constatation de ce fait. La seconde d'après ses neurones s'excitaient comme des puces enragées: si il était midi, pourquoi personne ne se présentait à la porte du cabinet ? Les malades n'auraient pas abandonné une si bonne occasion de se faire soigner pour de bon. Un horrible pressentiment envahit soudain Nemo, et une fois de plus, son sang devint froid comme le verre.
D'un mouvement brusque, il ouvrit la porte du cabinet. Il était indubitablement et irrémédiablement vide. Plus de trace d'affaires de médecine. Elle était partie.
Pendant un court moment, Nemo resta debout sur le seuil de la porte. Il ne savait pas vraiment comment réagir face à cette situation. Mais très vite, la solution s'imposa d'elle-même. Il attrapa son sabre, rajusta sa capuche, et se dirigea à grands pas vers l'air libre. Il avait proféré une menace, il allait la tenir. Elle savait ses conditions, et elle avait bafoué le contrat.
La traque commençait. |
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