Le soleil était haut dans le ciel. Bien qu’absent du ciel boisé de la forêt des morts, les rayons, eux, ne se laissaient pas arrêter par la nature et perçaient la couche de branches. La nature était paisible. Un calme mortel comme à son habitude. Dans le lointain, il semblait que l’on pouvait entendre le grondement d’une bête.  Peut-être avait-elle trouvé une proie, il s’agissait de la loi de la nature après tout. Quoi de plus normal qu’une créature qui cherche à se sustenter si ce n’est la mort ? La mort et la vie… Ces deux phénomènes si semblables et pourtant différents créés par la nature. Dans cette forêt, ces actions étaient naturelles loin de l’influence de l’homme. C’est ce lieu qu’Alsanna avait choisi depuis des années. Et, elle en était plutôt contente.

Nous la retrouvons à son domicile : une confortable habitation aux allures rustiques à l’extérieur  et pourtant indéniablement chaleureuse. Sa propriétaire était alors en pleine préparation à base d’herbes permettant de dissiper la fièvre. Bien qu’elle n’en ait pas de réelle utilité, elle n’avait cessé de perfectionner ses remèdes. Peut-être un jour elle se décidera à les revendre pourquoi pas. Cependant, ce jour est peu certain d’arriver puisque le souhait de cette femme était de limiter ses contacts avec l’homme si cela n’était pas nécessaire. Et, alors qu’elle finissait le remplissage de son flacon. Les murmures vinrent à elle. Le temps avait beau passé, elle ne se lassait pas de, si l’on pouvait qualifier cela ainsi, la voix de la nature. Elle était semblable à une brise fraîche aux senteurs d’été qui portait avec elle une voix douce mais assurée. Le message était clair, un homme avait pénétré la forêt. Ce n’était pas souvent que cela arrivait notamment avec les rumeurs qui entouraient ces bois. Etait-il courageux ou sot ? Pour savoir qu’elles étaient ses intentions, il était nécessaire de l’observer. Alsanna décida donc de s’habiller et partit aussitôt, sceptre en main.

Le calme que prodiguait la forêt avait quelque chose d'apaisant pour Alsanna alors qu'elle avançait selon ce que la nature lui avait dit. Ce silence changeait de ce qu'elle avait vécu il y a alors bien des années. Le souvenir des cris de guerre lui revinrent, les lames qui s'entrechoquaient. Ces bruits issus de ces souvenirs semblaient alors si réels. Mais, un bruissement la fit revenir sur Acarya. Ni une ni deux, elle effaça complètement sa présence aux yeux du monde. Ses yeux l'avertissaient déjà, l'énergie qui venait dans sa direction était clairement humaine. Aussi, elle guetta patiemment  son arrivée près d'un arbre.

Après quelques instants à peine, elle entendit un sifflotement. Si elle l'avait des doutes il ya  peu, elle en est au moins certaine: peu importe qui il était, cet homme était sot. Et, il avançait vers la demoiselle. Aussi, elle ralentit sa respiration afin d'éviter par un quelconque incident que son souffle soit perçu. Et puis, entre deux arbres il apparut.

Des yeux normaux le verrait comme un homme au teint pâle dont les cheveux n'étaient pas en reste puisque étant d'un triste gris. Et, ses yeux, pareils à sa chevelure, paraissaient plutôt perdus. Seulement, Alsanna voyait plus que cela à travers sa magie. L'inconnu était clairement épuisé de par l'aspect pâle de l'énergie qui se dégageait de lui. Energie qui étrangement avait la couleur du sang. Or, ce sont les meurtriers qui possèdent cette couleur. Il n'y avait pas d'autres situations. Il était vraisemblablement plus dangereux qu'il n'y parait. Cependant, Alsanna voyait qu'il était clairement fatigué - et honnêtement sa tenue était peu présentable. Aussi, elle souhaitait voir qu'elle était ses intentions. C'est bien pour cela qu'elle prit du recul afin de ne pas se faire entendre et pris de la hauteur en grimpant à une branche. Et, même s'il entendait une branche il ne pourrait que supposer qu'il s'agissait du vent après tout. Une fois perchée, elle prit une voix froide, presque aussi sifflante qu'un serpent... Menaçante. Tout simplement.


Intérieurement, Alsanna se sentait drôle. Elle ne le faisait pas souvent mais, les rares fois qu'elle tenait à effrayer ceux qui osaient venir pénétrer en ces lieux, un sourire se dessinait sur ses lèvres comme en ce moment même. La sorcière appréciait les faire fuir. C'était sa petite distraction qui changeait son quotidien dirons-nous. Elle espérait qu'il quitterait la forêt sans poser de questions. C'était ça ou se faire dévorer par un voracipède généralement. Intérieurement, l'ermite espérait que l'étranger se montre sage et parte sans demander son reste. Mais, malheureusement, ce n'est que rarement le cas. Les hommes sont d'un naturel confiants voire plein d'orgueil. Et, celui-là étant un meurtrier à ses yeux, Alsanna savait déjà quelle option il comptait choisir.

Ainsi cet inconnu ne savait pas où il se trouvait? La demoiselle avait eu du flair en le pensant sot. Mais, selon ses dires, il ne serait pas un meurtrier mais plutôt un homme ayant reçu un étrange rituel. En y repensant, cette couleur était semblables à certains artefacts qu'elle avait pu voir il y a déjà de nombreuses années durant l'une de ses rares sorties. Selon ce qu'elle avait pu entendre d'un marchand était que ces objets provenaient d'une guilde marchande Blood quelque chose. Et, cela avait attisé sa curiosité. Qu'était donc ce rituel ? Le garçon n'était-il réellement qu'une victime ou un acteur ? Et surtout il était poursuivi avait-il dit ? Ses poursuivants ne chercheraient-ils pas à perturber le calme de la forêt ? Alors que ses pensées s'égaraient. Le jeune homme proposait de créer une source d'eau. Instantanément, la sorcière réagit.


Après tout, mieux valait être prudent. Il était nécessaire à Alsanna de lui poser le plus de questions possibles. Non seulement, pour s'assurer de ses intentions. Mais aussi, pour se protéger elle-même. Elle ne souhaitait pas répéter les mêmes actes qu'une vingtaine d'années plus tôt. Elle se remémora durant un court instant les cris de ceux qu'elle avait menés à la mort avant de les faire taire. Le passé devait rester derrière. Il ne servait à rien de ressasser ce qui devait alors être fait. Calmée, elle se concentra sur le jeune homme. Elle décida qu'il serait probablement nécessaire de faire appel à l'un d'entre eux. Aussi, la sorcière passa d'une position accroupie à une position assise, sur la branche. Sceptre en main, elle était parée à appeler un esprit afin d'évaluer réellement le garçon.